Prononcée à l’occasion du culte du rappel de la promesse

des Chevaliers du Vieux-Mazel

A Vevey (Saint-Martin), le 24 novembre 2001

Etre éclaireur

 (2Samuel 22,29-34 / Luc 11,33-36)

J’espère qu’il vous est à tous arrivé une fois ou l’autre, lors d’un camp ou d’un week-end de cadre, de vous promener de nuit, à la recherche d’un petit feu qui crépite discrètement au milieu de sombres arbres.

Par équipe de 2, une lampe de poche à la main,

la visée vous entraîne  à travers les ruisseaux boueux,

les sapinière infranchissables, sous la pluie,

perdu au milieu d’un terrain obscur et inconnu.

Derrière vous, de côté, un peu plus loin, des bruits dans les ténèbres, des craquement de branche et un improbable faisceau lumineux vous rappelle que vous n’êtes pas seul dans l’aventure. Pourtant, votre équipe doit tenir le cap, sans s’en écarter si elle veut parvenir au but.

En général, un des deux tient la boussole, pendant que l’autre se fraye un chemin, tant bien que mal. Il part en éclaireur.

Avant d’être trop loin il se retourne et indique sa position à celui qui reste en arrière. Il se fait orienter et dès qu’il est dans le bon azimut, il éclaire et invite l’autre à le rejoindre.

Partir en éclaireur, pour éclairer, pour découvrir le chemin avant les autres et les inviter à nous suivre.

C’est l’âme de la philosophie du scoutisme. …

Quand j’étais membre de la brigade du Vieux-Mazel, et que quelqu’un me disait : « Alors, tu fais partie des scouts ? »,

je répondais sans hésiter : « non, je suis aux éclaireurs ».  Eclaireurs, ça voulait dire quelque chose, tandis que scout…

Etre éclaireur, c’est être responsable, être devant, à la découverte.

Etre éclaireurs, c’est être lumineux, c’est éclairer, c’est être un point de repère pour ceux qui nous voient.

Etre éclaireur, bien sûr, c’est aussi se perdre, revenir en arrière, essayer une autre voie, se tromper encore pour finalement trouver la vérité, le bon chemin, celui qui conduit au but.

Etre éclaireur, c’est trouver ce bon chemin, pour pouvoir ensuite l’éclairer au bénéfice de ceux qui nous suivent.

Ce serait prétentieux de se croire en avant des autres, si nous ne prenions pas le risque d’être au front. Parce qu’être éclaireur, c’est un risque, c’est se mouiller, c’est, comme je l’ai dit, risquer de se perdre, c’est risquer de se retrouver seul parce que parfois personne ne vous suit. Soit qu’on se trompe, soit que l’entreprise et téméraire, soit encore que personne ne veut nous croire.

Etre Eclaireur, dans la vie de la Brigade comme dans la vie de tous les jours, en tant que chevalier, c’est une mission, une vocation.

Quand le Christ a dit à ses disciples : Vous êtes la lumière du monde, il leur a aussi donné leur mission : être des éclaireurs.

Des éclaireurs qui ont suivi un chemin, qui se sont trompé, qui ont trahi, renié, qui ont abandonné le Christ sur la croix.

Mais des éclaireurs malgré tout.

Des éclaireurs qui finiront par trouver en Jésus, la vérité, le bon chemin et la vie. Des disciples qui finiront par découvrir la véritable identité de ce Jésus qu’ils suivent :

Cet homme qui meurt au supplice, abandonné de tous,

cet homme est en fait le Fils de Dieu, c’est l’homme qu’il faut suivre,

c’est lui la lumière du monde, lui qui chasse les ténèbres,

c’est lui le premier des éclaireurs.

Dès lors, les 12 disciples vont endosser leur responsabilité. Responsabilité d’éclaireurs éclairés, en proclamant cette Bonne Nouvelle au monde entier. Le chemin, c’est le Christ. La vie, la vraie est en relation avec lui, dans l’Alliance que Dieu nous propose.

Ce Dieu qui ne nous a pas abandonné à notre malheur, à notre bêtise, à nos méchanceté, ce Dieu qui nous a rejoint et nous a envoyé un éclaireur, un guide, son propre Fils.

Cette Bonne Nouvelle, les disciples vont pouvoir la proclamer, il vont pouvoir éclairer et rayonner de la lumière du Christ parce qu’ils l’ont eux-mêmes reçue, parce qu’ils ont eux-mêmes accepté Jésus comme guide, comme éclaireur de leur vie et de leur personne.

Toi, chevaliers du Vieux-Mazel, en faisant ta promesse,

tu as aussi promis de servir Dieu, de suivre le Christ en pratiquant sa loi, à savoir : aimer ton prochain comme toi-même.

Toi qui vient aujourd’hui ici à St-Martin pour le rappel de cette promesse, si tu veux la tenir cette promesse, si tu propose tes services au Christ, alors écoute :

il te dis, comme à ses disciples : soit mon éclaireur. Cherches-moi. Cherches-mois avec autant de motivation, de persévérance et d’opiniâtreté que tu chercherais jadis un petit feu dans l’adversité de la forêt, comme tu poursuivais le but de ta visée.

Sois mon éclaireur et je serai le tien. Cherche mon chemin et je serai ta boussole. Avance et progresse dans ta foi, mais au fur et à mesure, n’oublie pas de te retourner et d’éclairer tes frères et tes sœur en humanité.

Tous ceux qui sont perdus et qui peut-être te regardent,

ceux qui te voient me chercher avec ardeur et persévérance.

Dans l’obscurité de la forêt, dans l’obscurité du monde, ouvre bien tes yeux. Si tes yeux sont en bon état, ils décèleront ma lumière qui éclaire et indique le chemin, la vérité et la vie.

Tes yeux sont comme la lampe de ton corps. Si tes yeux perçoivent ma lumière, tout ton être deviendra lumineux.

Tu deviendra alors à ton tour lumière du monde.

Persévère donc dans ce que tu as promis : sois mon éclaireur.

Amen!